Vallée du Queyras

La géologie du Queyras et les sports de nature...

Par Guillaume VALLOT

  • Du Pelvoux au Viso

    Jean VALERIEN

  • Un lupanar pour sportif. De la crème glacée avec des morceaux. Un joyeux crumble aux ophiolites

    De la Font Sancte au Bric Froid, de la Taillante au Roche Brune, le bassin versant du Guil offre, dans un périmètre restreint, des roches et des faciès d'une variété rare qui font le bonheur des sportifs et des géologues. Ces derniers en ont fait un lieu d'étude car le secteur présente à ciel ouvert une fascinante mayonnaise du passé le plus reculé de la planète bleue.

    Mettre les mains sur le Pelvas ou la Tête des Toillies, c'est grimper sur les restes du plancher d'un océan disparu qui auraient fait un long voyage au centre de la Terre. Randonneurs à pied, à cheval, à ski, en raquettes ou VTT, rafteurs et kayakistes, libéristes, glaciairistes ou cristalliers... Seuls les spéléologues peuvent s'ennuyer ici.

    Pourtant, à la fin de l’ère primaire, à l'emplacement du Queyras, régnait la jungle tropicale. Ce n'était toujours pas mieux pour les sports de montagne quelques centaines de millions d’années plus tard : le territoire baignait sous la mer. Au début des temps géologiques, le continent primaire unique appelé Pangée a commencé à s'étirer à l'image d'une pâte à tarte qu'on étale. Ayant atteint sa limite de résistance, il a fini par se morceler en plusieurs continents dont l'Afrique et l'Europe. Entre eux, s'est installé Téthys, l'océan alpin et sa croûte océanique, peu à peu recouverte de sédiments. Vers moins 100 millions d'années, le mouvement s'est inversé. Dans un esprit de réconciliation tectonique, l'Afrique a voulu recoller les morceaux avec l'Europe. À l'image des plis dans la pâte feuilletée, les Alpes ont alors commencé leur lente surrection. Au coeur du croissant alpin, il fallait bien que les restes du plancher océanique primaire et son épaisse couche de sédiments se mélangeassent ; c'est le « cône d'accrétion des Alpes », une zone complexe et fascinante dont fait partie le Queyras.

    Telles les amandes dans la glace à l'américaine, les éclats du plancher océanique, plus denses, ont plongé au fond du pot de crème glacée sédimentaire, subissant des pressions et des températures inimaginables, donnant grenats précieux, verts gabbros ou onctueuses serpentines. Dans le Queyras oriental, au milieu des reliefs arrondis des schistes lustrés (la crème glacée), parfaits pour les mélèzes et toutes les randonnées, l'érosion différentielle a révélé au grand jour de tenaces pépites d'ophiolites : le Viso ou le Bric Bouchet, par exemple. Ayant voyagé jusqu'à 50 kilomètres de profondeur avant de gagner 3000 mètres d'altitude, ils raillent les granites d'origine continentale des Écrins ou du mont Blanc qui, partis de zéro, ne sont montés « qu'à » 4000 mètres ! Ainsi, au sens étymologique de « maison des plaisirs et des louves », le Queyras, par sa géologie si particulière, est bien un « lupanar sportif ».

    Extrait du film &quot;Du Pelvoux au Viso&quot;<br />
    Dans les montagnes de l'Embrunais, on observe le rubanement des hautes parois, dont les plis offrent au regard de belles charnières qui se répètent indéfiniment. Les images sont accompagnées d'explications scientifiques. <br />
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    Résumé du film<br />
    Une étude scientifique des processus sédimentaires, tectoniques et d'érosion qui président à la formation des massifs de montagne alpins. Animé en images réelles et schémas géologiques, ce document pédagogique décrit quatre zones de relief &quot;du Pelvoux au Viso&quot; : massif des Ecrins, zone briançonnaise, Ubaye et Queyras. Entre discipline stratigraphique, géodynamique et géomorphologique, le réalisateur de l'Ecole normale supérieure de Saint-Cloud Jean Valérien présente les Hautes-Alpes de 1964 en images aériennes : Barre des Ecrins, barrage de Serre-ponçon, ravines d'érosion sur les rives du lac de Serre-Ponçon et ravinement après orage, escarpements ruiniformes de Chabrières, dôme de Remollon, paysages et fossiles de l'Embrunais, vallée du Guil, Casse déserte de l'Izoard, Château-Queyras, fenaison et pâturage des moutons à Saint-Véran, massif de Rochebrune et Mont Viso. (IMAE)
      • Année
      • 1964
      • Producteur
      • CENTRE AUDIOVISUEL DE L'ECOLE NORMALE SUPÉRIEURE DE SAINT-CLOUD
      • Réalisateur(s)
      • Jean VALERIEN
      • Cameraman
      • Claude GAUDILLOT
      • Son
      • Louis THOMAS D'HOSTE