Loin de la compétition, l'escalade plaisir

Lorsque commence le tournage d’Au-delà des Cimes, le film que Rémi Tézier lui consacre en 2008, Catherine Destivelle a 47 ans. Depuis la naissance de son fils Victor, en décembre 1997, elle a abandonné les entreprises trop aventureuses ou risquées, a cessé de se lancer dans des défis vertigineux. "Un enfant vaut toutes les premières, dit-elle. La famille passe avant tout ". Elle a désormais l’envie de transmettre sa passion, de faire comprendre ce que l’escalade lui a apporté, de partager cette liberté qu’elle ressent, suspendue sur une paroi, vagabondant en  montagne.

"Le rocher, pour moi, c’est quelque chose de vivant, qui a de la personnalité", explique-t-elle à la jeune Pauline, qu’elle a initiée à l’escalade quelques années plus tôt, et qu’elle emmène, pour les besoins du film, gravir l’obélisque du Grand Capucin.

Depuis son enfance, Catherine Destivelle s’est toujours sentie "aimantée " par le rocher, "en osmose " avec lui. Réputée pour son exceptionnelle rapidité d’analyse des voies, elle explique qu’elle laisse son corps "s’adapter à ce que lui dicte le rocher ". "Je grimpe de manière intuitive, je suis dans mon milieu, ça fait presque partie de moi. " Elle aime grignoter la paroi "mètre après mètre", jouer avec ce qui l’entoure. "Une paroi a une structure, un caractère. Il faut savoir la lire, la comprendre, et pour cela, s’investir à fond, comme un enfant s’investit dans un jeu, ne penser à rien d’autre."

Sur les pentes qui mènent au sommet de l’Aiguille Verte, où elle a décidé de convier pour le film ses amis Lothar Mauch et Gaby Briand, elle explique aussi pourquoi elle a toujours envie d’aller en montagne, sans désormais plus aucun esprit de compétition. "Là-haut, on ne pense plus à rien. Déconnecté. Ça fait un bien fou."

À Claire, sa plus jeune sœur, qu’elle emmène bivouaquer au sommet du Grépon, elle confie que le plaisir de la verticalité pour elle ne s’est jamais érodé, qu’elle est toujours aussi contente de grimper sur un bout de rocher, de se dire "ça y est, je suis en haut". "Quand je vais en montagne, j’ai l’impression de retourner en enfance."